10

 

Ballottés pendant des années par les tempêtes, les fûts contenant l’agent S avaient brisé les chaînes qui les maintenaient sur les palettes et s’étaient éparpillés dans la cale. Leurs extrémités étaient concaves, et sur leurs flancs argentés étaient inscrites à la peinture verte les lettres G.S. correspondant au code de l’armée.

« J’en ai compté vingt, déclara Pitt.

— C’est bien la totalité du chargement manquant », fit Julie Mendoza avec un soupir de soulagement.

Ils se trouvaient dans la cale du Pilottown à présent brillamment éclairée par des projecteurs alimentés grâce à un générateur portatif. Les fûts flottaient dans environ 30 centimètres d’eau.

L’un des chimistes de l’A.P.E. tendit soudain le bras et s’écria :

« C’est celui-là qui fuit ! La valve est cassée.

— Vous êtes contente, maintenant ? demanda Pitt à la jeune femme.

— Et comment ! s’exclama-t-elle.

— Vous avez pensé à ma récompense ?

— Votre récompense ?

— Le marché que nous avons conclu, expliqua-t-il en s’efforçant de paraître sérieux. J’ai découvert votre agent S avec trente-six heures d’avance.

— Vous n’allez pas me faire de propositions malhonnêtes ?

— Je serais idiot de ne pas en profiter. »

La jeune femme était reconnaissante à son casque de dissimuler la rougeur qui lui était montée aux joues. Ils communiquaient sur une fréquence ouverte et tous les hommes présents entendaient ce qu’ils disaient.

« Vous choisissez des endroits étranges pour vous livrer à vos tentatives de séduction, Mr. Pitt.

— Je pensais seulement à un petit dîner à Anchorage avec cocktails, saumon fumé, élan grillé. Ensuite...

— Ça suffira, l’interrompit-elle, de plus en plus gênée.

— Aimez-vous danser ?

— Seulement quand la situation s’y prête, répliqua-t-elle. Et ce n’est pas le cas.

— Décidément, c’est le jour de chance de la N.U.M.A., pas le mien, fit-il, feignant de s’avouer vaincu.

— Pourquoi la N.U.M.A. ?

— La source de pollution est sur la terre ferme. Pas besoin de plongeurs. Nous pouvons donc rentrer chez nous.

— Ainsi, vous vous défilez en vous déchargeant du problème sur l’armée, Mr. Pitt.

— L’armée est au courant ? demanda-t-il sérieusement.

— Le haut commandement d’Alaska a été alerté dès que vous avez trouvé le Pilottown. Une équipe de spécialistes des armes chimiques est en route pour récupérer les fûts.

— Bel exemple d’efficacité.

— Pour vous, bien sûr, ce n’est pas important ?

— Si, naturellement, répondit Pitt. Mais mon boulot est terminé et, à moins que vous n’ayez une nouvelle fuite et de nouveaux cadavres, je boucle mes valises.

— Bel exemple de cynisme.

— Dites « oui ». »

Attaque, parade, feinte, botte. Il assaillait son flanc le plus exposé. Elle se sentait acculée mais cela ne lui déplaisait pas.

« Oui », accepta-t-elle sans prendre le temps de réfléchir.

 

Un peu plus tard, Dover trouva Pitt penché au-dessus d’une petite écoutille, braquant sa torche sur les ténèbres.

« Qu’est-ce que vous préparez ? demanda le capitaine.

— Je pensais aller explorer un peu.

— Vous n’irez pas loin par là.

— Ça donne où ?

— Dans la cage d’hélice. Mais elle est inondée. Il vous faudrait des bouteilles pour passer. »

Pitt examina les cloisons à l’aide de sa lampe. Le faisceau lumineux s’arrêta sur un panneau circulaire en haut d’une échelle.

« Et celui-là ?

— Probablement dans la cale 4. »

Pitt se contenta de hocher la tête, puis il escalada les barreaux rouilles, suivi de Dover. Il ouvrit l’écoutille et se hissa dans la cale. Elle était vide.

« Le bateau devait naviguer avec ses ballasts pleins, réfléchit Pitt à haute voix.

— C’est probable.

— Et maintenant ?

— Encore une échelle et on arrive dans la coursive entre les réservoirs d’eau potable et les cabines. »

Ils s’enfoncèrent lentement dans les entrailles du Pilottown avec l’impression d’être des pilleurs de tombes ouvrant dans un cimetière à minuit. Ils s’attendaient à chaque instant à découvrir les squelettes des marins disparus, mais il n’y avait rien. Les cabines auraient dû être jonchées de vêtements, d’objets personnels divers mais, au lieu de présenter tous les signes d’un navire abandonné à la hâte par son équipage, le Pilottown ressemblait à un labyrinthe de grottes désertes, Il ne manquait que les chauves-souris.

Les garde-manger étaient vides. Il n’y avait pas la moindre tasse, la moindre assiette sur les étagères du carré. Même le papier manquait dans les toilettes. Les extincteurs, les meubles, tous les objets présentant quelque valeur avaient disparu.

« Plutôt bizarre, murmura Dover.

— C’est bien mon avis, approuva Pitt. Le bateau a été systématiquement pillé.

— Il a dû être plusieurs fois visité au cours des années où il a dérivé.

— Les pillards laissent du désordre derrière eux, répliqua Pitt. Ici, au contraire, tout est parfaitement net. »

Ils poursuivirent leur exploration des coursives, projetant des ombres vacillantes sur les parois. Pitt ressentait le désir de se retrouver à l’air libre.

« Incroyable ! grommela Dover toujours troublé par leur découverte. Ils ont même enlevé les valves et les jauges.

— Si j’étais joueur, fit Pitt pensivement, je parierais que nous sommes tombés sur une histoire d’escroquerie aux assurances.

— Ce ne serait pas le premier bâtiment porté disparu uniquement pour toucher la prime de la Lloyd’s.

— Vous avez dit que l’équipage avait prétendu abandonner le Pilottown en pleine tempête. Ils l’ont bien abandonné, mais en ne laissant derrière eux qu’une épave sans valeur.

— Facile à vérifier, fit Dover. Il y a deux façons de saborder un navire en mer. Ouvrir les vannes de noyage pour qu’il sombre ou bien faire sauter la coque avec des charges explosives.

— Et vous, comment vous feriez ?

— Avec les vannes, ça peut prendre vingt-quatre heures ou plus. Assez pour qu’un bateau croisant dans les parages vienne voir ce qui se passe. Je choisirais les explosifs. Ils l’enverraient par le fond en l’espace de quelques minutes.

— Quelque chose a dû les empêcher d’exploser.

— Ce n’est qu’une théorie.

— Question suivante, persista Pitt. Où les placeriez-vous ?

— Dans les cales, la salle des machines, n’importe où le long de la coque, pourvu que ce soit au-dessous de la ligne de flottaison.

— Aucune trace d’explosifs dans les cales arrière, réfléchit Pitt. Restent la salle des machines et les cales avant.

— Au point où nous en sommes, autant en avoir le cœur net, décida le capitaine.

— Ça ira plus vite si nous nous partageons le travail. Je m’occupe de la salle des machines. Vous connaissez ces cargos mieux que moi et…

— D’accord, je prends les cales avant », acheva le capitaine.

L’officier des gardes-côtes escalada une échelle et sa large silhouette éclairée par la lueur de la torche disparut.

Pitt commença à explorer le dédale des tuyaux reliant les chaudières aux vieux moteurs alternatifs à vapeur. La passerelle surplombant tout cet enchevêtrement était rouillée et il avançait avec précaution. La salle des machines semblait revivre dans son imagination. Il croyait encore entendre les cris, les grincements.

Il découvrit deux vannes de noyage. Les volants étaient verrouillés.

Cette théorie n’était donc pas la bonne, pensa-t-il.

Soudain, un froid glacial lui saisit la nuque puis gagna tout son corps. Il comprit aussitôt que les piles faisant fonctionner le système de chauffage à l’intérieur de la combinaison étaient presque à plat. Il éteignit un instant sa lampe, Il crut étouffer dans les épaisses ténèbres. Il ralluma et balaya l’espace autour de lui, s’attendant à voir surgir des spectres. Il n’y avait rien que les parois de tôle suintantes et la masse sombre des machines.

Il secoua la tête pour chasser les fantômes de son esprit et entreprit d’examiner systématiquement la coque en se faufilant au milieu d’un labyrinthe de tuyaux recouverts d’amiante. Il descendit une échelle, manqua un barreau et tomba dans près de deux mètres d’eau grasse. Il lutta pour se tirer des mains des cadavres qui, s’imaginait-il, cherchaient à l’attirer vers le fond. Enfin, sa combinaison noire d’huile, il parvint à se hisser sur l’échelle. Hors d’haleine, il lui fallut une bonne minute pour récupérer.

C’est alors qu’il remarqua un objet pris dans le faisceau de sa lampe, une caisse d’aluminium de la taille d’un jerricane, attachée à une poutrelle métallique soudée à la coque. Il avait souvent utilisé des explosifs au cours d’opérations de renflouage et il reconnut aussitôt le détonateur installé à côté. Un fil électrique courait sous la passerelle vers le pont supérieur.

Il transpirait à grosses gouttes en dépit du froid. Laissant les explosifs où il les avait trouvés, il remonta pour aller inspecter les moteurs et les chaudières.

Il ne découvrit aucune marque, aucun nom de fabricant. Les plaques d’identification avaient partout été arrachées et les lettres ou numéros gravés dans le métal limés. Après avoir vérifié partout, il était sur le point d’abandonner quand il sentit une petite protubérance sous sa main gantée : c’était une plaque de métal dissimulée par la graisse et vissée sous l’une des chaudières. Il l’essuya et braqua sa lampe pour lire :

 

FABRIQUÉ PAR

L’ALHAMBRA IRON AND BOILER COMPANY

CHARLESTON, CAROLINE DU SUD

NUMÉRO DE SÉRIE : 38874.

 

Il mémorisa le numéro puis rebroussa chemin. Il s’assit lourdement sur le pont et s’efforça de se reposer un peu malgré le froid qui lui glaçait les os.

Dover revint une demi-heure plus tard, portant sous son bras une caisse d’explosifs sans plus de précautions que s’il s’était agi d’un cageot de pêches. Il s’avança en jurant sur le sol glissant et s’installa à côté de Pitt.

« Il y en a quatre autres entre ici et l’avant, fit-il d’une voix lasse.

— Moi, j’en ai trouvé une à l’arrière.

— Je me demande pourquoi elles n’ont pas explosé.

— Le minuteur a dû déconner.

— Le minuteur ? s’étonna le capitaine.

— L’équipage devait pouvoir quitter le bateau avant l’explosion. En suivant les fils, vous vous apercevrez sans doute qu’ils convergent tous vers un système d’horlogerie dissimulé quelque part sur le pont supérieur. Quand ils ont réalisé que ça n’avait pas fonctionné, il était probablement trop tard pour remonter à bord.

— Ou ils avaient trop peur que ça leur saute à la gueule.

— C’est possible, acquiesça Pitt.

— Et c’est ainsi que le Pilottown a entamé son légendaire voyage. Un cargo désert sur la mer immense.

— Comment identifie-t-on un bateau ?

— Qu’avez-vous en tête ?

— Simple curiosité. »

Dover se contenta de cette explication et, les yeux fixés sur les ténèbres, il répondit :

« Eh bien, on trouve un peu partout son nom. Sur les gilets de sauvetage, les canots ou encore gravé à l’avant et à l’arrière. Il y a aussi les plaques du constructeur, en général une à l’extérieur de la superstructure et une dans la salle des machines. Et puis le numéro d’immatriculation à la base des écoutilles avant.

— Je parierais un mois de salaire que, si nous parvenions à dégager le cargo, on découvrirait que ces numéros ont été effacés et que la plaque a disparu.

- Il nous reste celle de la salle des machines.

— Volatilisée. J’ai vérifié.

— C’est vraiment bizarre, constata calmement Dover.

— Et comment ! Il y a plus dans cette affaire qu’une simple escroquerie aux assurances.

— Je ne suis pas en état de résoudre les énigmes, fit le capitaine en se levant maladroitement. J’ai froid, j’ai faim et je suis crevé. Je propose qu’on rejoigne les autres. »

Pitt s’aperçut que Dover n’avait pas lâché la caisse d’explosifs.

« Vous l’emportez avec vous ? demanda-t-il.

— Oui, comme preuve.

— Surtout, ne la laissez pas tomber », fit Pitt avec une pointe d’ironie.

Ils montèrent vers les cabines, pressés maintenant d’échapper aux ténèbres humides pour retrouver la lumière du jour. Pitt, soudain, s’immobilisa. Dover, qui le suivait à quelques pas, vint buter contre lui.

« Que se passe-t-il ?

— Vous sentez ? »

Le capitaine n’eut pas le temps de répondre. Le pont sous leurs pieds se mit à trembler et les tôles à gémir. Le bruit assourdi d’une explosion leur parvint, à laquelle succéda aussitôt une terrifiante onde de choc. Le Pilottown frémit et sa coque grinça sous une formidable pression. Les deux hommes titubèrent. Pitt réussit à tenir debout mais Dover, encombré par la lourde caisse, perdit l’équilibre et s’écrasa comme une masse sur le pont, protégeant de son mieux les explosifs avec son corps. Un cri de douleur jaillit de ses lèvres. Il s’était démis l’épaule et déchiré les ligaments du genou. Il s’assit péniblement et leva les yeux sur Pitt.

« Qu’est-ce que c’était ? balbutia-t-il.

— Le volcan Augustine. Il a dû entrer en éruption.

— Mon Dieu ! Qu’est-ce qui nous attend encore ? » Pitt aida son compagnon à se remettre sur pied. Il le sentit tressaillir à travers l’épaisse combinaison. « Vous êtes blessé ?

— Une petite foulure, mais je crois n’avoir rien de cassé.

— Vous pourrez marcher ?

— Ça ira, répondit Dover en serrant les dents. Et les explosifs ?

— Peu importe. Et foutons le camp d’ici en vitesse. »

L’un soutenant l’autre, ils s’engagèrent dans la coursive entre les cabines et les réservoirs d’eau potable.

Pitt avait l’impression que cet étroit couloir n’en finirait jamais. Son cour cognait dans sa poitrine et il avait de plus en plus de mal à conserver son équilibre tandis que le vieux Pilottown oscillait sous les secousses du tremblement de terre. Ils atteignirent la cale 4. Dover tomba et Pitt dut le traîner vers l’échelle opposée.

A peine avait-il posé le pied sur le premier barreau qu’un véritable coup de tonnerre éclatait et qu’une lourde masse le frôlait pour aller s’écraser au sol. Il leva sa torche. A cet instant, le panneau d’écoutille vola en éclats et des tonnes de rochers et de débris se déversèrent dans la cale.

« Vite, grimpez ! »

Pitt, le sang lui battant les tempes, propulsa les 110 kilos de Dover vers le haut de l’échelle.

Une voix jaillit. Un homme était penché par l’ouverture et tirait le capitaine dans la cale arrière. Pitt sut aussitôt que c’était Giordino. Il avait le don de se trouver toujours là au bon moment.

Pitt parvint à son tour en haut des barreaux et il se glissa dans la cale renfermant l’agent S. Là, le panneau d’écoutille, heureusement, était encore intact. Lorsqu’il atteignit enfin le bas de l’autre échelle, des mains secourables aidaient déjà Dover à gagner le rouf arrière où il serait temporairement en sécurité. Giordino saisit le bras de Pitt.

« II y a eu des pertes, fit-il sombrement.

— Beaucoup ?

— Quatre blessés et un mort. » Il hésita et Pitt comprit aussitôt. « Mendoza ?

— Un fût lui a écrasé la jambe, expliqua Giordino d’un ton grave. Provoquant une fracture ouverte. Un éclat d’os a percé sa combinaison. »

Il se tut.

« Et l’agent S l’a contaminée », acheva Pitt tandis qu’un profond désespoir s’abattait sur lui.

Son ami hocha la tête.

« Nous l’avons portée dehors. »

Pitt trouva Julie Mendoza étendue sur le pont arrière du Pilottown. Un gros nuage de cendres volcaniques dérivait vers le nord dans un ciel limpide.

La jeune femme gisait, seule dans un coin. Les hommes valides soignaient les blessés. On lui avait ôté son casque. Ses cheveux répandus sur le pont rouillé brillaient dans le soleil couchant. Ses yeux ouverts étaient fixés sur le néant et ses traits étaient tordus par les souffrances de l’horrible agonie qui avait été la sienne. Le sang qui avait coulé de sa bouche, de son nez et de ses oreilles s’était figé en ruisseaux écarlates. La peau de son visage avait pris une teinte noirâtre.

Pitt ressentit une rage froide, Il s’agenouilla à côté d’elle et, martelant la tôle de ses poings, il lâcha entre ses dents :

« Ça ne s’arrêtera pas là. Je ne le permettrai pas, je le jure. Les coupables paieront. »

 

Panique à la Maison-Blanche
titlepage.xhtml
panique a la Maison-Blanche_split_000.htm
panique a la Maison-Blanche_split_001.htm
panique a la Maison-Blanche_split_002.htm
panique a la Maison-Blanche_split_003.htm
panique a la Maison-Blanche_split_004.htm
panique a la Maison-Blanche_split_005.htm
panique a la Maison-Blanche_split_006.htm
panique a la Maison-Blanche_split_007.htm
panique a la Maison-Blanche_split_008.htm
panique a la Maison-Blanche_split_009.htm
panique a la Maison-Blanche_split_010.htm
panique a la Maison-Blanche_split_011.htm
panique a la Maison-Blanche_split_012.htm
panique a la Maison-Blanche_split_013.htm
panique a la Maison-Blanche_split_014.htm
panique a la Maison-Blanche_split_015.htm
panique a la Maison-Blanche_split_016.htm
panique a la Maison-Blanche_split_017.htm
panique a la Maison-Blanche_split_018.htm
panique a la Maison-Blanche_split_019.htm
panique a la Maison-Blanche_split_020.htm
panique a la Maison-Blanche_split_021.htm
panique a la Maison-Blanche_split_022.htm
panique a la Maison-Blanche_split_023.htm
panique a la Maison-Blanche_split_024.htm
panique a la Maison-Blanche_split_025.htm
panique a la Maison-Blanche_split_026.htm
panique a la Maison-Blanche_split_027.htm
panique a la Maison-Blanche_split_028.htm
panique a la Maison-Blanche_split_029.htm
panique a la Maison-Blanche_split_030.htm
panique a la Maison-Blanche_split_031.htm
panique a la Maison-Blanche_split_032.htm
panique a la Maison-Blanche_split_033.htm
panique a la Maison-Blanche_split_034.htm
panique a la Maison-Blanche_split_035.htm
panique a la Maison-Blanche_split_036.htm
panique a la Maison-Blanche_split_037.htm
panique a la Maison-Blanche_split_038.htm
panique a la Maison-Blanche_split_039.htm
panique a la Maison-Blanche_split_040.htm
panique a la Maison-Blanche_split_041.htm
panique a la Maison-Blanche_split_042.htm
panique a la Maison-Blanche_split_043.htm
panique a la Maison-Blanche_split_044.htm
panique a la Maison-Blanche_split_045.htm
panique a la Maison-Blanche_split_046.htm
panique a la Maison-Blanche_split_047.htm
panique a la Maison-Blanche_split_048.htm
panique a la Maison-Blanche_split_049.htm
panique a la Maison-Blanche_split_050.htm
panique a la Maison-Blanche_split_051.htm
panique a la Maison-Blanche_split_052.htm
panique a la Maison-Blanche_split_053.htm
panique a la Maison-Blanche_split_054.htm
panique a la Maison-Blanche_split_055.htm
panique a la Maison-Blanche_split_056.htm
panique a la Maison-Blanche_split_057.htm
panique a la Maison-Blanche_split_058.htm
panique a la Maison-Blanche_split_059.htm
panique a la Maison-Blanche_split_060.htm
panique a la Maison-Blanche_split_061.htm
panique a la Maison-Blanche_split_062.htm
panique a la Maison-Blanche_split_063.htm
panique a la Maison-Blanche_split_064.htm
panique a la Maison-Blanche_split_065.htm
panique a la Maison-Blanche_split_066.htm
panique a la Maison-Blanche_split_067.htm
panique a la Maison-Blanche_split_068.htm
panique a la Maison-Blanche_split_069.htm
panique a la Maison-Blanche_split_070.htm
panique a la Maison-Blanche_split_071.htm
panique a la Maison-Blanche_split_072.htm
panique a la Maison-Blanche_split_073.htm
panique a la Maison-Blanche_split_074.htm
panique a la Maison-Blanche_split_075.htm
panique a la Maison-Blanche_split_076.htm
panique a la Maison-Blanche_split_077.htm
panique a la Maison-Blanche_split_078.htm
panique a la Maison-Blanche_split_079.htm
panique a la Maison-Blanche_split_080.htm
panique a la Maison-Blanche_split_081.htm
panique a la Maison-Blanche_split_082.htm
panique a la Maison-Blanche_split_083.htm
panique a la Maison-Blanche_split_084.htm
panique a la Maison-Blanche_split_085.htm